Le journal de Jackson

par Kurt Steibeck Sam 21 Fév 2015 - 2:09

21 Août 2013,

Ca faisait maintenant trois mois qu’on nous avait appris la fin de la surveillance. Trois mois, pour trois années à se tenir à carreau pour pas s’attirer le regard des services américains. Trois ans à méditer sur le passé, à se remémorer chaque instant, chaque moment. Johnny en pouvait plus de cette attente interminable et d’ailleurs, moi non plus. Même la surveillance des crétins au service des bureaucrates n’avait cependant pas pu nous empêcher de nous faire des amis. De bons amis. Et depuis que l’un d’eux avait pu nous affirmer qu’on était plus suivi, il avait été temps de développer nos idées. De développer le projet B.T.K.

Depuis notre retour du front, notre vision c’était considérablement étendu. Le monde nous apparaissant clairement tel qu’il était. Pourri. Complots, conspirations, traîtrises. Mondialisation ? La bonne blague ! On aurait peut-être plus donner on meilleurs qualificatif… Je sais pas moi, un truc dans le genre ; Surveillance internationale pour la paix dans le monde américain.

Le monde, c’est le chaos. On le sait, mais pourquoi on devrait faire comme dans tous ces films ou les seuls mecs qui peuvent le voir veulent que l’ordre soit ramené ? C’est avoir un manque total d’ambition ! Johnny et moi, on a vu ce qu’était devenu le monde. Est-ce qu’on a essayé de le changer ? Non !...

Est-ce qu’on a essayé d’en profiter ? Bien évidemment !

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7 Septembre 2013,

Le Chaos, c’est l’ordre que les esprits faibles ne peuvent pas concevoir. Le Chaos, il a été instauré par ceux-là même qui disent le combattre et le camoufler sous des airs de politiques démocratique, d’états unitaires, fédéraux et maintenant régionaux ! Toutes ces années, quand on pouvait pas aller aux chiottes sans que le C.I.A en soit informé, on a réfléchit et on s’est dit qu’on pouvait peut-être tirer profit de l’ignorance aveugle du monde pour se trouver notre petite place. Pour ça, on est resté hors du circuit pendant tout le temps ou on nous suivait. Sans preuves, on savait bien que les choses allaient finir par changer et qu’on serait bientôt libre de nos mouvements.

Johnny a mal vécu l’après-guerre, comme moi. Ces choses-là, elles ouvrent les yeux sur un tas de choses et les ferment sur d’autres. La plupart des anciens combattants avaient peur de plus se trouver une place dans la société après avoir vécu l’enfer, après avoir tué. Comment reprendre une vie peinard quand on garde en tête le souvenir des années de service ? Des coups de feu, des bombes au petit matin ? On peut tout simplement pas. La plupart se suicident, et les autres suivent des thérapies pour s’en sortir. Mais pas nous.

La B.T.K c’est avant tout une famille. Bon une grande famille, mais une famille quand même. Johnny et moi, on est comme les grands frères. On protège, on parle, on transmet, et on s’en sort pas mal. On a appris à survivre, et c’est ce qu’on veut pour les autres membres du groupe. Qu’ils sachent que le Chaos on vit pas dedans, on survit. Qu’ils sachent que le Chaos, c’est pas forcément une mauvaise chose quand on sait sur quelle ficelle tirer et quel filon exploiter.

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13 Octobre 2013,

Nous voilà bien avancé maintenant, les mois passe et on se débrouille pas trop mal. La B.T.K est florissante. Et on commence à se faire connaître des gros clients. Pourquoi ? Parce qu’on sait qu’il n’y a que comme ça qu’on peut survivre. La famille qu’on a forgée a grandie. Contrat sur contrat, on accumule et on se renforce. Ou est le mal quand on empêche les gens de se salir les mains et qu’on prend l’entière responsabilité ?

La guerre, ça laisse des traces. Certains en ont besoin pour vivre, d’autres, pour survivre. C’est ce qu’on est après tout, des survivants. On avait pas un rond, et voilà qu’on travaille pour des milliardaires. Notre affaire est bonne et sur la durée, elle le sera encore plus.

« Il n’y a pas de gloire à tirer lorsqu’on est l’instigateur d’un conflit, qu’on regarde des hommes mourir parce qu’on en a donné l’ordre.
Il n’y a pas de honte à mourir pour sa famille.
Il n’y a pas de justice, quand on déclenche un conflit, et qu’on se protège derrière un rideau de soldats.

Le Chaos est déjà là, et il n’y a pas de mal à l’accepter, quand ceux qui l’ont instauré atteignent des sommets hiérarchiques. »